Progression des soins de santé hybrides au Benelux : une voie vers la transformation du système de santé
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Les soins hybrides, qui n'étaient autrefois qu'un terme à la mode dans le secteur des soins de santé, sont aujourd'hui à deux doigts de devenir une réalité révolutionnaire dans la région du Benelux. Lors d'un récent entretien avec Koen Kas, figure emblématique du paysage de l'innovation dans le domaine des soins de santé, nous avons obtenu des informations très utiles sur l'état actuel de la mise en œuvre des soins hybrides, ainsi que sur les défis et les opportunités qu'ils présentent.
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Transition entre mot à la mode et mise en œuvre concrète
Koen Kas estime que le Benelux, et plus particulièrement la Belgique, mais aussi l'Allemagne, ont été les premiers à reconnaître le potentiel des technologies numériques dans les soins de santé. Si l'accent a d'abord été mis sur la création d'applications de santé mobiles, le concept de soins hybrides, qui associe les outils numériques à l'interaction humaine, a gagné du terrain. La pandémie du COVID-19 a mis en évidence la nécessité de recourir à la télésanté et aux soins hybrides, dans la mesure où l’on recherchait des solutions de santé qui ne nécessitaient pas de visites physiques chez le médecin.
Toutefois, M. Kas constate que si plusieurs initiatives prometteuses ont vu le jour, elles restent souvent modestes et isolées. Le principal défi consiste à étendre ces initiatives pour créer un système homogène à l'échelle nationale.
Principaux obstacles à l'extension des soins hybrides
Selon notre interlocuteur, plusieurs obstacles majeurs entravent la généralisation des soins hybrides. Le premier étant la nécessité de gagner la confiance des professionnels de santé, et notamment des médecins. Les pratiques traditionnelles en matière de soins de santé s'appuient fortement sur des consultations en personne et des dossiers médicaux physiques. La transition vers un modèle où les outils numériques jouent un rôle important peut être accueillie avec scepticisme. Les prestataires de soins de santé doivent être convaincus que ces outils sont non seulement efficaces, mais aussi sans danger pour leurs patients. Deuxièmement, le modèle de remboursement des services de santé varie d'un pays à l'autre et, dans certains cas, il n'encourage pas suffisamment les médecins à adopter des applications de santé numériques. Ils estiment parfois que le temps et les efforts qu'ils consacrent à l'utilisation de ces outils ne sont pas suffisamment bien rémunérés.
De plus, les données collectées à distance doivent être intégrées de manière transparente dans les dossiers médicaux pour que les prestataires de soins de santé puissent s'y référer. Cette intégration constitue un défi technique, mais elle est essentielle pour que les médecins puissent recourir aux applications de santé numérique.
En outre, M. Kas souligne l'importance de l'interaction humaine dans les soins de santé. Si les soins virtuels peuvent être très efficaces, il est essentiel de reconnaître que le contact humain est parfois irremplaçable. Les modèles de soins hybrides réussis associent souvent les avantages des outils numériques avec l’accompagnement humain.
« Si vous réfléchissez à la prise en charge des patients, vous pouvez faire beaucoup de choses avec le virtuel, mais parfois c'est la voix humaine, le coaching, l'impact de l'être humain dont nous avons besoin ».
Exemples de mises en œuvre réussies des soins hybrides sur le marché local
Koen Kas présente des exemples d'initiatives réussies en matière de soins hybrides, comme les collaborations entre des organisations telles que Comarch, la Ligue du diabète, Z-Plus - un centre de surveillance - et i-mens, une organisation de soins à domicile. Cette collaboration permet aux patients diabétiques d'être suivis à l'aide d'appareils de base, les données étant transmises de manière transparente aux professionnels de la santé. L'implication d'associations en faveur des patients, telles que laLigue du diabète, est cruciale pour la mise en place de telles initiatives.
Ambassadeurs pour patients et soins préventifs
Pour surmonter les difficultés inhérentes à une telle adoption, M. Kas suggère d'utiliser les expériences réussies des patients comme ambassadeurs pour inspirer d'autres personnes. Les patients qui ont bénéficié des avantages des soins hybrides peuvent préconiser ces solutions et encourager leurs pairs à les adopter.
« Imaginons un scénario dans lequel on aurait la preuve concrète que les patients ont bel et bien tiré un avantage des soins hybrides, et vis-à-vis desquels ils diraient : « Voilà, c'est comme ça que nous voulons être soignés », ils deviendraient alors les ambassadeurs d'autres patients qui diraient « eh bien, c'est comme ça que nous voulons être soignés nous aussi ». Ces derniers deviendraient à leur tour les ambassadeurs d'autres patients qui diraient : « Oh, c'est ça que nous voulons aussi ». Je pense que c'est ainsi que l'on parviendrait à l'adoption des soins hybrides. Faites donc appel à vos patients pour qu'ils deviennent vos ambassadeurs ».
En outre, il souligne l'importance des soins préventifs. En fournissant aux patients les outils et les données nécessaires au suivi de leur santé avant même qu'ils ne deviennent des patients, les systèmes de soins de santé pourraient intervenir à un stade précoce et prévenir des maladies plus graves. Cette approche est particulièrement pertinente pour des pathologies telles que le diabète et d'autres maladies chroniques.
Rôle du financement public et de la volonté gouvernementale
M. Kas évoque une évolution passionnante en Belgique : le lancement d'une plateforme de données de santé centrée sur le citoyen. Cette plateforme permettra aux citoyens de stocker leurs données en privé et en toute sécurité, créant ainsi des opportunités pour les fournisseurs de soins de santé tiers qui pourront donc proposer des services personnalisés. Il s'agit d'une initiative novatrice qui illustre l'engagement du gouvernement à soutenir des solutions innovantes en matière de soins de santé.
Le succès de ces initiatives dépend de la volonté politique et du financement. Koen Kas estime que le passage à la prévention et aux soins hybrides est économiquement viable et peut en fin de compte réduire le fardeau du système de soins de santé en se concentrant sur les moyens de protéger la santé de la population plus longtemps.
« Nous nous sommes rendu compte que pour 100 euros dépensés en soins de santé, nous consacrons moins de 2 euros à la prévention. Nous dépensons en revanche 99 euros pour les deux dernières années de notre vie. Cette manière de faire n'est pas viable. »
Des acteurs extérieurs au secteur de la santé entrent en jeu
Koen Kas souligne le rôle que peuvent jouer les acteurs extérieurs au secteur de la santé, tels que les géants de la vente au détail comme Best Buy, en entrant dans le jeu des soins de santé aux États-Unis. Ils investissent dans les soins préventifs pour les personnes âgées en s'appuyant sur les données et la technologie pour améliorer la prestation des soins de santé. Cet afflux d'acteurs non traditionnels pourrait accélérer l'innovation dans le domaine des soins de santé, en contournant certains des obstacles financiers traditionnels.
Les entreprises privées disposent des ressources et des motivations nécessaires pour conduire le changement. Elles peuvent investir dans la technologie, l'analyse des données et les soins préventifs, autant d'éléments qui peuvent avoir un impact déterminant sur la transformation des soins de santé, afin de les aider à évoluer et multiplier les preuves tangibles du concept, indispensables au lancement d'une transformation de plus grande ampleur.
La vision idéale de l'avenir
La vision de Koen Kas va au-delà de la prévention et du traitement ; il s'agit de libérer le potentiel humain. Il imagine un avenir où les outils numériques, alimentés par l'IA générative, agissent comme des mentors guidant les individus vers leur plein potentiel. Cette vision gomme les frontières entre l'art, la technologie et la santé, en mettant l'accent sur le développement personnel et la construction d'un héritage.
Si l'IA a le potentiel de révolutionner les soins de santé, les considérations éthiques sont primordiales. M. Kas imagine un avenir où les individus partageront volontiers leurs données afin d'améliorer leur santé. Toutefois, il suggère de commencer par un état d'esprit ouvert et de permettre aux individus de définir ce qu'ils souhaitent garder privé. Dans ce contexte, le partage des données devient un moyen de responsabiliser les individus et d'améliorer leur expérience en matière de soins de santé.